Sebastião Salgado - Comment retrouver l’espoir quand on a vu le pire de l’homme
Rencontre avec le photographe franco-brésilien Sebastião Salgado
Fin février, j’ai assisté à une rencontre bouleversante avec le photographe Sebastião Salgado. L’émotion montait dans la salle à mesure qu’il revenait sur ses 50 ans de carrière. Ce qu’il a vécu, vu, ressenti : il s’est confronté au pire de l’homme.
Il a commencé par documenter les conflits, mais son approche n’est pas que documentaire, elle est profondément militante. À travers le choix de ses sujets, il met l’humain au centre et mène une réflexion profonde sur les bouleversements sociaux et économiques qui transforment le monde du 20e siècle. Il consacre plusieurs années sur un sujet de série photos comme pour “Exodus” où il cherche à témoigner des grands mouvements migratoires : des réfugiés fuyant la guerre, de l’exode rural vers les villes, et bien d’autres déplacements forcés.








Pour cette série, il est allé au Rwanda pendant le génocide. Ce reportage l’a brisé, physiquement et moralement. Il envisage à ce moment d’abandonner la photographie pour se consacrer à sa ferme familiale. Mais après plusieurs années, sa femme Lélia Wanick Salgado, l’encourage à poursuivre son travail sous un autre regard : si l’espèce humaine l’a déçu, il peut encore témoigner de la beauté du monde et des autres espèces. C’est ainsi qu’est né son projet “Genesis”.
En 2004, Sebastião Salgado voyagera pendant 8 ans à travers 32 pays, de l’arctique au désert pour explorer des territoires où l’homme n’a pas mis ses pattes. L’Homme a détruit une grande partie de la biodiversité mais 46% de la planète reste épargnée : ce sont les zones désertiques, très froides ou extrêmement humides.
Genesis est une quête du monde des origines.
Préservé de la folie des hommes.
Une ode à la fragilité et à la beauté de la Terre.
Pour rappeler ce que nous risquons de perdre.
Il part également à la rencontre de peuples vivant complètement isolés, loin du monde contemporain. J’ai appris lors de cette rencontre qu’il a contribué à ce qu’une tribu amazonienne soit les premiers habitants du Brésil à être vaccinés lors de l’épidémie de Covid-19. Dépourvus d’anticorps nécessaires, si le virus du covid arrivait jusqu’à eux c’est tout le peuple qui disparaîtrait.

Retrouver l’espoir dans la beauté du monde
Son reportage sur le Rwanda lui a fait perdre espoir mais il l’a retrouvé en voyant cette terre, et toutes ces espèces.
Quand on a vu le pire de l’homme est ce que l’espoir n’est pas de retourner à la genèse de tout : la Terre ? De montrer sa beauté et non la brutalité?
la Planète a une sagesse
Nous ne sommes qu’éphémère et nous la traversons juste.
la Terre, elle , survivra à l’Homme


Les photographies de Salgado dégagent une puissance rare. : son oeil, son sens du cadrage, sa maîtrise de la lumière et du mouvement, et bien sûr son noir et blanc si reconnaissable.


Sa retrospective aux Franciscaines de Deauville se tient jusqu’au 1er juin 2025. Elle présente les fonds de la collection Salgado de la MEP en deux parties : la première sur ses 25 premières années de carrière et la seconde sur son projet Genesis.
Un grand merci à Heymann Associés pour la découverte de cette exposition!
Merci de votre lecture et à très vite !
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Pauline 🌟
C'est incroyable ! Ses compositions semblent sortir d'un film de genre ! Merci pour cette découverte !
🖤🌎🖤