(Perso) Dire les choses
Comment retrouver une professeure qui a compté pour moi m'a permis de réfléchir sur ma façon de dire les choses
Cela faisait des années que cette idée me trottait en tête.
Je repensais très souvent à cette professeure d’Histoire-Géographie que j’avais eue au collège et qui avait beaucoup compté pour moi. Elle m’avait fait aimer l’Histoire. Avec elle, tout était simple. J’étais captivée par ses récits, sa façon de raconter, et en plus nous étions durant l’année de l’Egypte et de l’Antiquité
Je me souvenais très bien de son nom de famille, mais son prénom m’échappait.
Il y a quelques mois, par hasard, j’ai recherché son nom. Avec espace, sans espace, avec le nom de mon collège et là..en voyant un photo dans google image j’étais quasiment certaine de ne pas me tromper. En 20 ans, elle avait toujours cette façon particulière de porter son écharpe.
J’ai appuyé sur envoyer
l’email est parti
et sa réponse a été rapide
C’était bien elle ! 🥹 Elle m’écrit être très touchée par mon message et qu’elle se souvient très bien de moi “j'ai tout de suite reconnu ce regard pétillant qui était le tien dans mon cours”. On se suit maintenant sur Instagram. Elle est aquarelliste et autrice, et a sorti plusieurs livres dont un sur le Silence qui m’a fortement interpellé (et j’ai hâte de continuer son dernier livre sur les refuges).
Après toutes ces années, je suis heureuse de m’être enfin lancée. Je n’osais pas envoyer cet email. Que lui dire vraiment? et pourquoi faire? Est ce vraiment important ? Elle existe dans mon coeur alors pourquoi aller jusque là?
Mais je crois qu’en fait.. cet email lui a fait très plaisir.
J’’ai réalisé à ce moment- là à quel point ce geste anodin était important et que je le faisais rarement. J’exprime peu ce que je ressens, je ne remercie pas assez. Je ne parle pas du merci qui vient juste après un geste mais le merci à mes proches d’être là, d’être qui ils sont, d’être dans ma vie. Je pense très souvent à des compliments mais ils vivent seulement dans ma tête.
Je n’ai pas eu le mémo, je n’ai jamais su m’y prendre. Peut être que cela vient de mon éducation car dans ma famille on ne parle pas comme ça. Peut-être de mes anciennes amitiés car on ne disait jamais à l’autre que l’on tenait à lui.
En ayant de nouvelles amitiés, en observant leurs mots et comment ils étaient perçues, je me suis rendue compte que ce n’est pas une gène de s’ouvrir. Je me souviens de N. qui m’a dit il y a 7 ans qu’elle m’adorait dans mon entièreté et ma personnalité. Quand on se voit elle répète souvent les traits de personnalités qu’elle aime chez moi. J’avais rarement (jamais?) connu ça. Je ne comprenais pas, je ne savais pas comment réagir.
Car, aussi, je ne sais pas recevoir un compliment. Quand on m’en fait un je tourne la chose pour expliquer. Si on me dit : « Tu as fait de très belles photos » je vais répondre que c’est grâce à la modèle ou la lumière. Si on me complimente je vais parler d’un défaut pour contrebalancer.
Et pourtant, ces mots comme ceux de N. m’ont donné confiance et m’ont permis d’une certaine façon de m’affirmer, d’aimer certains côtés de moi.
(et je n’évoque même pas mes autres amitiés ou mon compagnon, mon pilier, qui me donne littéralement chaque jours cette force qui me permet d’être qui je suis).
Encore aujourd’hui, je me trouve trop muette. Je pense très souvent dans ma tête “j’ai adoré sa réaction”, “j’adore sa tenue”, “je la trouve très forte” mais je ne le dis pas. Pourtant je sais qu’un petit mot peut apporter beaucoup, sauf que...ça ne sort pas.
Je le pense
je le garde pour moi
il existe d’une certaine façon,
Mais si l’autre ne le reçoit pas, est ce que tout ça existe vraiment?
Je crois que je trouve mon langage trop pauvre. mon vocabulaire pas adéquat pour exprimer ce que je ressens. J’ai des phrases digne d’une enfant. Les mots s’entrecroisent pour donner de la mélasse.
Je ne sais pas écrire ces mots, Je n’ai jamais été habituée,
Mais j’apprends.
Ce que je réalise est que chaque mot a son importance. Chaque geste compte. On ne soupçonne pas du tout le bien que l’on peut faire avec. Montrer que l’on est là pour l’autre, qu’il est aimé, remercié ou qu’il compte pour nous.
Merci de votre lecture et à très vite !
Vous pouvez aussi me retrouver sur Instagram.
Pauline 🌟
En tant que professeur•e avoir un•e élève ou un•e étudiant•e qui te recontacte pour te dire quoi que ce soit de positif, c’est extrêmement touchant. Sois en certaine, Pauline, tu lui as fait une grande joie ! Et on se souvient toujours des regards qui pétillent. ♥️
J'ai beaucoup aimé ce post, Pauline ! J'y ai ressenti beaucoup de délicatesse.
Je comprends complètement ce que tu dis en tant qu'introvertie à 200%, et il n'y a que depuis peu que je suis tolérante (ce n'est pas le bon mot mais je n'ai rien d'autre encore...) avec moi-même sur le sujet... De me dire que c'est ok de ne pas dire telle ou telle chose, même des compliments, de rater une opportunité pour dire quelque chose.
En revanche, quand je pense à ta professeure je me dis que ton intervention pourrait être arrivée à un moment clé pour elle, pourquoi pas une "journée sans", et que peut-être que ça a illuminé sa journée ! Je trouve ça très beau...
Ça me fait ressentir mille autres choses mais que j'ai du mal à exprimer ce matin parce que la chaleur, l'introversion aussi... mais ça me fait du bien de t'avoir lue !